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Portrait de musicien : BROTHER DEGE

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Un musicien, mais pas seulement. Un écrivain, un journaliste, un voyageur. Plus que tout ça : un artiste au fort caractère. Voilà Dege Legg, cet Américain sorti tout droit du fin fond de la Louisiane, récemment de passage à Strasbourg pour terminer sa dernière tournée européenne.

Je l’avais déjà vu à Strasbourg il y a quelques mois, il avait choisi de jouer dans la toute petite cave de l’Artichaut, ne laissant l’opportunité qu’à 50 heureux de venir assister à son concert, alors qu’au moins 50 autres déçus s’étaient vus perdre au jeu du « premier arrivé, premier servi ».

Cette fois, il était reçu à la Popartiserie, où tout le monde attendait avec impatience son arrivée.

Il est connu pour avoir participé à la BO du dernier Tarantino, à savoir Django Unchained. Pourtant, on ne devinerait jamais ce succès en voyant Dege Legg sortir de sa camionnette, son look de vagabond à grosse barbe et son air bienveillant. Tout de suite, en quelques minutes, il se lie d’amitié avec la famille de la Popartiserie.

Il y a trop à dire sur le personnage. Je vais essayer de faire court.
D’abord son art… Comme dit plus haut, il est musicien et écrivain.

Avant tout connu pour son titre « Too Old to Die Young » que vous pouvez écouter en cliquant ICI.
On peut se demander : comment un gars qui fait de la musique depuis toujours dans des petites salles et de manière indépendante se fait du jour au lendemain repérer pour avoir un de ses titre dans un blockbuster ? Et bien en fait, c’est simplement Tarantino lui même qui l’a découvert via une radio. Dege explique : « Je ne connais personne qui connaît Tarantino, je n’ai pas d’ami commun avec lui ou quoi que ce soit. Il a entendu ma chanson à la radio satellite (qui est une radio spéciale, pas commerciale) et l’a aimée. Par chance il l’a entendue dans sa voiture et l’a aimée alors il s’est débrouillé pour l’utiliser. Ce qui est génial. C’est comme ça devrait fonctionner ! Les gens entendent ta musique, ils l’aiment et ils ont une réaction. Pas quelqu’un qui te la met à la figure en disant « tu dois aimer ça ». »

Dans une interview, Tarantino dit même : « Franchement, chaque chanson de son album aurait pu être dans le film »*

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Lorsque je lui demande pourquoi il pense qu’il n’a pas eu de succès plus tôt avec ses albums (ils en a sorti 10 au total, donc 3 solo en tant que « Brother Dege »), il me répond qu’il fonctionne de manière totalement indépendante, en restant à l’écart des labels. Il produit toute sa musique lui même avec quelques amis et enregistre dans des home studios un peu partout !

Pourtant, ce ne sont pas les occasions de signer des labels intéressants qui ont manqué depuis qu’il s’est fait repéré, mais il dit « ne pas aimer aller dans cette direction ». Il leur a parlé au téléphone et n’a pas aimé ce qu’il a entendu. D’après lui « ils ignorent le rock’n roll ». « Ils pensent que les nouveautés viennent de New York ou de Los Angeles ou ailleurs. C’est n’est pas le cas. Toute la meilleure musique faite dans les Etats Unis vient du Sud, parce que les Afro-américains l’ont créée. Ils sont les meilleurs musiciens. Et je continuerai de le dire. Ils ont inventé le blues, ils ont inventé le jazz, ils ont inventé le rock’n roll. Je suis juste chanceux d’avoir grandi dans le Sud, autour de cette culture, avec les Afro-américains. ».

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Cette inspiration qu’il puise dans les cultures qu’il observe, comme dans tout ce qui l’entoure d’ailleurs, en fait quelqu’un d’extrêmement créatif. C’est pour cette raison qu’il écrit aussi énormément. Il est l’auteur de 2 livres : un qui retrace sa vie en tournée avec son ancien groupe (qui vaudrait sûrement déjà un article entier pour toutes les histoires qu’il a à raconter là dessus) et un deuxième, une fiction qu’il qualifie de « filthy piece of trash » en anglais, qu’il a écrit sans visée commerciale et sans la moindre censure, comme un exercice créatif. Pour les curieux, on peut trouver ses 2 livres ici: http://www.lulu.com/spotlight/degelegg.
Son goût pour l’écriture, il l’utilise aussi dans un travail de journalisme. Journaliste en freelance, et dans un journal local, Dege Legg est passionné et ça se remarque. Profondément humaniste dans l’âme, il me raconte une anecdote incroyable :

« C’était après l’ouragan Katrina en Louisiane. Beaucoup de maisons avaient été détruites et des personnes se sont retrouvées à la rue. Dans la ville où je vis, il y a eu beaucoup de plaintes sur ces personnes, des ragots, de la merde de petite ville… Donc je me suis dis « je vais voir par moi même » et je suis allé vivre avec les sans abris.

– Juste pour voir qui ils étaient ?

– Oui, et pour écrire sur eux. Pour écrire leur histoire, pour découvrir d’où ils venaient… mais c’était tous genres de personnes, ils étaient de partout. Et beaucoup de gens de Louisiane. Je ne peux pas expliquer ce qui me rend sensible aux sans abris, mais tous les gens qui ont à vivre dans la rue, je me sens désolé pour eux. Sauf si c’est par choix ! Certaines personnes choisissent de vivre dehors, elles veulent vivre en dehors de la société et je peux respecter ça aussi. C’est probablement mon article le plus connu. »

Je vous invite à aller le lire ici, il est court et super intéressant (mais en anglais) : http://www.theind.com/news/33-cover-story/239- Il lui a même valu une récompense de presse !

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Sa proximité avec ces personnes va au-delà de l’expérience journalistique puisque Dege travaille aussi, quand il est en Louisiane, dans un refuge pour sans abris… Oui, des boulots très différents, il en a eu quelques uns. En passant par chauffeur de taxi et machiniste. Par pour le côté funky, mais par nécessité, comme il me l’explique. Il n’a jamais eu beaucoup d’argent, il avait besoin de bosser, mais il a toujours cherché à faire des jobs intéressants sur lesquels il pouvait écrire.

Lorsque je lui demande quel est le job le plus fou qu’il ait fait, il me raconte : « Un jour une usine en Louisiane a explosé et ils ont engagé du monde pour tout nettoyer. C’était une explosion énorme. Ils ont engagé à peu près 400 personnes, des Afro-Américains pour la plupart, des Pauvres, et j’en faisais partie. On sortait des produits toxiques de tuyaux, on devait porter des masques à gaz. C’était bizarre, c’était comme être sur Mars et disséquer un dinosaure en étant bourré… On était très mal traités. Et il y avait ces personnes qui se faisaient du fric tout en exploitant les Pauvres – dont je faisais partie – pour venir nettoyer les dégâts causés par l’argent. »

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Même si aujourd’hui il vit du rock, Dege Legg est passé par pas mal d’expériences. Entre soif de musique et soif d’aventures humaines, la vie de tournée semble faite pour lui. Ce n’est pas pour rien qu’il est déjà parti 3 fois en tournée cette année. Pour lui «  la musique est presque secondaire aux rencontres et aux choses différentes qu’il voit en voyageant ». Il aime spécialement l’Europe pour sa culture, et quand je lui demande ce qu’il pense de la Popartiserie, il me répond :  « J’ai adoré jouer ici ! J’adore Strasbourg, tout le monde est sympa, cool, bon. J’aimerais pouvoir prendre tout le monde à Strasbourg et les ramener aux Etats Unis. »

Il rajoute à ça qu’il reviendra, et je crois qu’on sera nombreux à se réjouir de son retour !

* (citation d’origine :http://pavementpr.com/news/quentin-tarantino-talks-to-sirius-xms-little-stevens-underground-garage-about-brother-deges-new-track-on-his-film-django-unchained/)

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Quelques liens pour écouter, ça vaut vraiment le coup. Il mélange pas mal de genres musicaux et parfois c’est difficile à définir mais on peut dire qu’il est plutôt du genre à innover qu’à copier et c’est ce qui donne son âme à ses morceaux.

Sur deezer : http://www.deezer.com/artist/392115

https://itunes.apple.com/us/album/folk-songs-american-longhair/id360143619 (« Folk Songs of the American Longhair »)

https://itunes.apple.com/us/album/scorched-earth-policy/id890514142 (« Scorched Earth Policy »)

https://itunes.apple.com/us/album/how-to-kill-a-horse/id709715848 (« How to kill a Horse »)


Photo de couverture : © photo par Djeb pour http://touch-arts.com.

Vous pouvez retrouver le reste de l’album ICI.

Photographies : Pauline Ruhlmann.

 

 

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Commentaires (2)

  1. merci pour ce superbe article sur un artiste que j’adore (découvert via Django de Tarentino), je me suis direct acheté ses 3 albums !
    J’espère qu’il reviendra vite pour une tournée européenne…

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