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Strasbourg : rencontre avec un sociologue pour mieux comprendre les codes du porno

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« Que faire de la pornographie ? »

C’est la question qui a été posée à Florian Voros, spécialiste des pornstudies et invité du troisième samedi du Théâtre National de Strasbourg. Pour mieux comprendre les codes du porno, le sociologue a retracé l’histoire de l’industrie du X. Nous y étions pour vous.

Si Florian Voros a été invité par le Théâtre National de Strasbourg c’est parce que la pièce qui se joue en ce moment en salle Koltes c’est Eric Von Stroheim, une pièce de Stanislas Nordey où les questions de sexualité sont au centre de la pièce. Parler de pornographie dans un théâtre a aussi été un moyen pour les intervenants et les spectateurs d’esquiver le débat moral habituel. Sur une scène il est plus facile d’analyser ce que les scénarios disent de nos fantasmes, mais plus largement de toutes nos constructions sociales. Enfin cela permettait à tous de regarder cette industrie autrement et d’analyser dans une ambiance plus posée sa portée politique.

Les questions derrières celle posée en préambule à la rencontre sont nombreuses,
Comment critiquer la représentation des rapports de domination dans le porno sans tomber dans le moralisme ?
Existe t-il des fantasmes typiquement sexistes ? Du porno féministe et éthique ?
Y’a t-il réellement une réappropriation de la part des spectateurs ?

C’est à toutes ces questions et à bien d’autres que le sociologue Florian Voros a tenté de répondre par une histoire critique du porno.

Les pornstudies débutent dans les années 80, les études pornographiques se sont imposées depuis une dizaine d’années comme une discipline à part entière des sciences humaines, d’abord aux Etats Unis et aujourd’hui de plus en plus en France.
Une de ses spécialistes, l’américaine Linda Williams date les débuts du porno non pas aux premiers films (diffusés dans les maisons closes), mais au XIXème siècle, plus précisément dans les années 1890. Entre la science et le divertissement public, l’ancêtre du GIF, la chronophotographie a été le premier support d’érotisation des corps.

Eadweard Muybridge, très connu pour The horse in Motion (photographie séquencée où il démontre que le cheval dans sa course lève les quatre pattes en même temps), a souvent rajouté des mouvements aux femmes pour érotiser -inconsciemment sûrement- leurs gestes.

Comme l’explique Linda Williams dans son ouvrage Hard Core: Power, Pleasure and the Frenzy of the Visible, aucune femme à l’époque n’avait assez de pouvoir pour se permettre de dire : « Ceci n’est pas la réalité de mon mouvement, c’est un modèle qui réalise le fantasme d’un artiste ». C’est donc non seulement le début de la pornographie mais aussi de la retranscription des constructions sociales dans cette dernière. Enfin il est important de noter qu’à l’époque, en plus d’érotiser les mouvements, Muybridge donne une nouvelle occasion de voir des corps féminins et masculins comme ils furent peu représentés à l’époque.

Si un élément a marqué depuis ses débuts la pornographie c’est la quête perpétuelle de la représentation réaliste de l’orgasme féminin. Le spécialiste Florian Voros date cette envie d’imager la réalité de l’orgasme à la fin du XIXème siècle avec Charcot. Le médecin français révolutionne la psychiatrie et utilise lui aussi la chronophotographie pour traquer ce que l’œil ne peut pas percevoir et notamment fixer l’image de femmes hystériques.

D’autres éléments caractéristiques du porno trouvent leurs sources dans le XIXème siècle, les vidéos de femmes mi-voilées mi nues d’aujourd’hui sont comparable à l’affreux sort qui fut infligé à Saartjie Baartman ou à la représentation des hommes noirs dans The Black Book. En effet, depuis ses débuts une partie de la pornographie a reflété certaines mœurs coloniales ou aujourd’hui post- coloniales.

Saartjie Baartman, de son vrai nom Sawtche mais connue publiquement sous le nom de la Vénus Hottentote était une femme d’Afrique du Sud. Elle quitta son pays avec son maître qui livra son corps en pâture aux zoo humains européens, puis elle fut l’objet sexuel exotique d’aristocrates français durant leurs soirées libertines avant de finir en tant que prostituée alcoolique pour occidentaux en recherche de sensations. Son histoire est très bien racontée dans la Vénus Noire, un film de Abdellatif Kechiche.


Toute l’imagerie qui a été créée autour de cette femme traduit, que ce soit chez les scientifiques ou chez les artistes, un sentiment de supériorité face à une race jugée inférieure qui passe notamment par l’hyper-sexualisation du corps de la femme noire.

The Black Book, un ouvrage de photographie de Robert Mapplethorpe sur les corps d’hommes noirs peut aussi être considéré comme du porno colonial. Le fait que les photos soient saccadées, qu’il n’y ai pas de vision d’ensemble, qu’on ne raconte jamais la rencontre avec l’homme noir (comme l’artiste l’aurait fait avec un mannequin blanc) est symptomatique de cette vision fantasmée de la sexualité des noirs.


Dès le XIXème siècle des mouvements ont émergé, aussi dans la pornographie, pour le droit à l’auto-représentation. Aujourd’hui ces mouvements se retrouvent dans une mouvance plus globale qui sans s’opposer aux schémas traditionnels, propose une autre forme de pornographie.

Sans s’opposer aux schémas traditionnels parce que comme l’explique le sociologue il n’existe pas de désirs et de fantasmes sexistes et d’autres féministes. Par contre une pornographie féministe et éthique, même si elle ne transcende pas les pratiques sexuelles, peut modifier complètement la manière de faire et de penser le film. Un film pornographique féministe ne s’arrête donc pas à la jouissance masculine et peut se réapproprier, redonner un autre sens à des pratiques considérées comme sexistes. Un film éthique concentrera ses efforts sur une répartition juste des bénéfices et sur l’instauration de bonnes conditions de travail pour tous par exemple. Il est, pour le sociologue, très important de se pencher sur les évolutions de l’industrie du X et de ne pas jeter l’opprobre sur tout le porno comme si c’était un milieu homogène car cela empêcherait la critique spécifique des réels travers de toute une partie du milieu.

AFP PHOTO / JOHN MACDOUGALL

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KHEDIDJA ZEROUALI

Etudiante en infocom en attendant de se rendre utile, le sud dans la voix et l’Alsace dans le coeur.

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Commentaires (1)

  1. J’y étais. 🙂 Beau condensé. C’était une conférence très intéressante, malgré le flux d’informations délivré de manière très rapide.

    J’ai notamment été ravi d’apprendre l’existence du mutoscope, de la stéatopygie, et de revoir des clichés de Robert Mapplethorpe ^^
    Encore un samedi du TNS réussi.

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